Il y a des gens qui choisissent de ne pas avoir de télé ou de ne pas écouter la radio. Je les comprends. Ils décident de ce qui entre dans leur cerveau, au rythme qu’ils choisissent.
Personnellement, j’écoute pas mal la radio quand je travaille; surtout Ici Première. J’ai essayé d’autres fréquences, mais c’est celle qui me gosse le moins. Écouter de la musique serait une bonne option, mais ça implique que je choisisse ce que je veux écouter, que je fasse des pistes de lecture… cette activité ne figure pas dans mes options personnelles… et si j’écoute mon super vieux iPod random, je saute 8 tounes sur 10. C’est pas pour favoriser la plus grande efficacité.
Faque, j’écoute la radio. T’sais, quand tu passes le plus clair de ton temps dans la solitude, t’es peut-être mieux de le meubler de discussions, question de demeurer apte à en tenir une, une fois en société. Sans compter que, quand t’écoutes des émissions d’information, tu risques d’apprendre des affaires.
Ces longues heures à « peinturer » et à ingérer des informations de toutes sortes influent fortement sur mes idées… en plus de la vie en général et d’avoir ajouté les réseaux sociaux à un moment donné, vous aurez compris que le trafic dans ma tête est pas pire dense.
Avec ce choix de régime, voici quelques constatations qui s’imposent à moi :
- Ça ne va pas super bien dans le monde;
- Quel que soit le sujet, l’unanimité n’est pas possible;
- (donc) Il y’a du monde qui trouve que ça va super bien dans le monde;
- Être flamboyant, c’est payant;
- Être touchant pour être touchant, aussi;
- Dénoncer des violences donne droit à beaucoup de violence dans ses interventions;
- Moduler ses opinions à l’écoute des autres n’est pas valorisé;
- L’écoute, non plus, tant qu’à ça;
- Quoi qu’on puisse faire ou penser, on va toujours être le fuck all de quelqu’un;
- Ça irait mieux si on espérait le bonheur des autres autant que le sien.
Alors que ce que je créais jadis parlait de mes émotions, de mes sentiments, mon travail actuel tente de rendre compte de ma façon de composer avec toutes ces constatations. Graduellement, ma manière de distorsionner les perspectives et les points de vue s’est complexifiée et là, j’en suis à accumuler des images tramées les unes par dessus les autres. C’est mon moyen d’espérer apprivoiser ce que je ne suis plus en mesure de comprendre et de solutionner. Tout porte ombrage à tout, je cherche donc à faire surgir ce qui se trouve de lumière à travers les espaces laissés vides. En érigeant des systèmes plus ou moins cartésiens, j’élabore des images qui témoignent de ma perception multi-filtrée. Ça me permet de tenter de défendre visuellement l’idée qu’il soit possible d’adjoindre ce qui n’a pas nécessairement de sens à ce qui en a le plus à nos yeux et d’accéder à quelque chose d’imprévu; qui donne espoir et qui dépasse la somme des parties.
En 2014, j’ai fait une prise de conscience en écoutant François Brousseau, qui me perd immanquablement quand il intervient à la radio. Je sais qu’il sait de quoi il parle, mais sa structure de pensée trop « au courant » fait en sorte que je m’égare à tout coup. Même concentrée à l’infini, rien n’y fait, mon cerveau devient de la bouette en tentant de suivre.
Et voilà que je suis parvenue à comprendre ce que je ne comprenais pas.
François, merci ! Grâce à toi, j’ai trouvé une piste et mon travail pictural devient un champ d’exploration véritablement funky !